Très critiqué pour son « laissez-faire », le géant mondial des réseaux sociaux, Facebook, va enfin « contrer » les vidéos de crimes et de suicides, diffusées en direct sur sa plateforme, en recrutant des milliers de personnes.
Mark Zuckerberg a annoncé, mercredi, le recrutement de 3 000 modérateurs pour Facebook Live, portant le nombre d’employés à 7 500 pour l’ensemble de l’entreprise. Le jeune milliardaire a écrit que Facebook « travaille à rendre ces vidéos plus faciles à signaler », afin de pouvoir faire la bonne intervention « plus tôt », « qu’il s’agisse de répondre rapidement quand quelqu’un a besoin d’aide ou encore d’enlever une publication ». Les vidéos et les écrits qui font l’apologie de la violence contreviennent aux règles d’utilisation de Facebook. Mais, dans la plupart des cas, l’intervention d’internautes a été nécessaire avant qu’ils ne soient identifiés et retirés.
Les efforts de Facebook pour empêcher de telles vidéos, comme un meurtre à Cleveland ou l’assassinat d’un bébé en Thaïlande, de se propager sur sa plateforme, ont récemment été critiqués. La vidéo de la Thaïlande est restée accessible pendant 24 heures avant d’être retirée. Facebook se retrouve, aujourd’hui, devant d’importants défis en matière d’équilibrage, alors qu’il peut parfois s’avérer utile de documenter les violences d’une guerre ou des cas de brutalité policière, par exemple.
Live, un produit dangereux ?
Live est donc l’un des produits dans lequel elle investit massivement ces derniers mois, que ce soit sur les méthodes de diffusion que sur la monétisation. Pour référence, sa récente certification en ligne pour journalistes réserve une large place à cet outil, alors que la diffusion en direct d’événements est devenue l’un des domaines les plus porteurs pour les réseaux sociaux. Ces dernières semaines pourtant, Facebook Live a été plus remarquée pour la diffusion de contenus « choquants », contre lesquels l’entreprise doit donc agir. Elle a même été épinglée pour une présentation fournie à une banque australienne, dans laquelle elle affirme pouvoir cibler les adolescents dans leurs moments de doute et de vulnérabilité…, que Facebook serait bien en mesure de pouvoir reconnaître.
Récemment, c’est surtout le rôle attribué à Facebook dans la propagation de fausses nouvelles, de propagande gouvernementale et de vidéos de crimes haineux qui a retenu l’attention. Certains crimes se sont vus accorder une attention médiatique qu’ils n’auraient peut-être pas reçue si ce n’était du fait qu’ils ont été diffusés par le biais du réseau social. Mark Zuckerberg semble conscient de ces effets négatifs, si l’on se fie aux entrevues qu’il a accordées ainsi qu’aux publications Facebook de ce dernier. « C’est déchirant et j’ai réfléchi sur comment nous pouvons faire mieux pour notre communauté », a-t-il écrit mercredi, au sujet des récentes vidéos controversées.
1 million de signalements par jour !
Alors qu’en novembre, le grand patron de Facebook avait qualifié de « folle » l’idée selon laquelle les fausses nouvelles, circulant sur le réseau social, avaient influencé le cours de la dernière élection présidentielle américaine. Un mois plus tard, le réseau social annonçait une série d’initiatives visant à contrer les fausses nouvelles et à soutenir le journalisme. Plus récemment, la semaine dernière, Facebook reconnaissait que des gouvernements ainsi que d’autres personnes avaient recours à sa plateforme pour influencer le sentiment du public sur des questions politiques, de telle sorte que des élections nationales pourraient être touchées.
A en croire M. Zuckerberg, Facebook analyse des « millions de signalements » chaque semaine. En plus de permettre le retrait de vidéos de crimes ou des interventions pour aider des personnes nécessitant de l’aide, le recours à de nouveaux employés assignés à cette forme d’examen permettra bien plus, a-t-il fait valoir mercredi. Par exemple, mieux s’assurer qu’aucun contenu proscrit sur Facebook ne circule, a-t-il spécifié, mentionnant « les discours haineux et l’exploitation d’enfants ».
Il est vrai que l’entreprise essaie de déléguer des tâches à des programmes informatiques, vu le nombre volumineux de publications partagées par tous ses utilisateurs. Mais, l’annonce du mercredi est un signe que Facebook a toujours besoin de vérificateurs humains pour surveiller son contenu. Chose qui justifie, d’ailleurs, le recrutement de 3000 personnes par Le géant des réseaux sociaux, qui frôle désormais le seuil symbolique de 2 milliards d’utilisateurs. Le groupe de Mark Zuckerberg revendique 1,94 milliard d’utilisateurs au 31 mars, contre 1,86 milliard trois mois plus tôt.