Voilà qu’un autre scrutin s’annonce très chaud à une date très rapprochée. La démocratie fonctionne bien au Canada. Montréal la plus grande ville au Québec et deuxième plus importante au pays. Montréal, verra beaucoup de candidats se disputer des places pour des postes au sein de son administration.
Nouveaux pouvoirs pour Montréal
L’heureux/se élu/e, le lendemain du 05 novembre, sera à la tête d’une ville qui vient d’obtenir des pouvoirs supplémentaires en vertu de son statut de « métropole », le 21 septembre dernier. Selon radio Canada, avec ce statut de métropole, Montréal pourra, entre autres, dédommager les commerçants touchés par des travaux d’infrastructure, depuis le 31 décembre 2015 ; octroyer une aide financière directe ou des crédits de taxes aux entreprises et réaliser sans l’autorisation de Québec de grands projets commerciaux, industriels ou résidentiels, hors du centre des affaires.
Montréal verra aussi les investissements gouvernementaux en habitation, à l’exception des habitations à loyer modique, lui être transférés. La plus grande ville francophone en Amérique du Nord pourra offrir, grâce à ce nouveau statut, plus de services aux immigrants. Seul hic, la loi ne permet cependant pas à la ville de décréter de nouvelles taxes. Mais cela, le nouvel habitant de l’Hôtel de Ville va devoir le décortiquer avec le gouvernement provincial.
Les partis : une lutte à deux
Les électeurs montréalais sont appelés donc, le 05 novembre 2017, à choisir entre plusieurs partis et plusieurs visions. Les deux favoris pour la course sont au coude à coude, selon les derniers sondages.
Avec 36 des 65 sièges du Conseil de Ville, l’Équipe Denis Coderre pour Montréal vise une réélection pour consolider la vision de son chef : faire de Montréal une ville métropole forte et lui amener les grands événements.
Projet Montréal (20 sièges), avec Valérie Plante à sa tête, tentera de gâcher la fête du parti au pouvoir et renverser la vapeur dans les derniers jours. Projet Montréal vise une gestion proche des citoyens axée sur le transport, l’habitation et les taxes.
Programmes : entre l’ambition et le réalisme
Les Montréalais ont échangé sur les programmes des deux équipes favorites de la course. Qu’a préparé M Coderre et Mme Plante pour gagner les cœurs des électeurs afin de les convaincre du bien-fondé de leurs idées?
Rappelons que le scrutin municipal du 5 novembre vise à combler, en outre du poste de maire de ville, les postes de maire d’arrondissement, de conseillers de la ville et de conseillers d’arrondissement dans chacun des 19 arrondissements de Montréal.
Dans son programme de 61 pages mis en ligne, Projet Montréal veut faire de tous les quartiers des milieux de vie agréables en accordant une place majeure au verdissement dans tout projet de réaménagement. Le parti s’engage à effectuer les démarches nécessaires auprès du gouvernement du Québec et des commissions scolaires de l’île de Montréal afin qu’ils planifient la construction et la rénovation d’écoles primaires et de centres de la petite enfance (CPE) de qualité. Il veut renforcer les équipes d’inspection de propreté et favoriser la piétonnisation des rues et la création de places publiques
Projet Montréal souhaite mettre fin à l’exode des familles en éliminant, entre autres, la taxe de Bienvenue à l’achat d’immobilier résidentiel. Sur le plan de l’intégrité, Projet Montréal propose notamment que les dons aux partis politiques municipaux soient limités et que les réunions du Comité exécutif de la ville se tiennent en public.
L’Équipe Denis Coderre pour Montréal, forte d’une expérience de premier mandat, vise la continuité : la cohésion sociale et le vivre-ensemble, une ville intelligente et ouverte, une métropole internationale, l’engagement dans un partenariat social et économique et le soutien à la participation citoyenne et l’engagement social.
Le parti sortant compte relever les défis pour le mieux vivre en ville. Ainsi, il veut appliquer la politique « Vision zéro » afin de protéger et d’assurer la sécurité de tous et de toutes sur les routes. Sur le plan de l’habitation et les familles, le parti s’engage à bonifier l’actuel programme d’accès à la propriété pour encourager plus de familles à demeurer à Montréal, en augmentant à la fois l’aide financière accordée, le type de propriétés admissibles et les prix maximum autorisés. L’équipe Coderre pour Montréal vise aussi le développement social et économique, la ville et la mobilité durable et le vivre-ensemble et la démocratie participative où le parti compte créer une banque de candidatures pour favoriser la nomination des jeunes, des femmes et des communautés culturelles dans les instances décisionnelles reliées à la Ville.
Amadouer Montréal à tout prix
Entre le dernier scrutin de 2013 et le présent, plusieurs têtes des formations politiques municipales ont changé de couleur. Les cas de transfuge caractérisent la scène municipale montréalaise et pour plusieurs cela laisse un gout d’amertume. A titre d’exemple, 6 anciens membres de Coalition Montréal (parti politique) ont joint les rangs de l’équipe Coderre ou de Projet Montréal.
Il n’existe aucune restriction ni interdiction pour les élus de changer de formation politique au Québec, même en cours de mandat. Le site de l’Assemblée Nationale définit cette notion en ces mots : (parlementaire) qui abandonne son parti ou son groupe pour en rallier un autre. On utilise également l’expression « vire-capot ».
Je présume que nous sommes ouverts au transfuge, car on est en démocratie. Mais cela ne pose-t-il pas un problème moral : comme transfuge, l’élu va devoir accepter et exécuter des directives de son « boss » qui est ton ancien ennemi. Comment vivre avec cela ?
Je me rappelle que lors de la campagne municipale de 2013, Richard Bergeron avait attaqué Coderre avec véhémence sur beaucoup de fronts. Nous savons tous que Bergeron siège au sein de l’équipe du maire actuel. Alors la question se pose : qu’est-il devenu de ses promesses et les engagements? Et sa vision pour Montréal? Joindre l’équipe adverse et laisser tomber sa vision pour sa ville et accepter de jouer un rôle secondaire dans un cabinet (doit accepter les directives de son maire/boss/chef/adversaire) est difficile à digérer.
Les cas de transfuge sont plusieurs. Ce mouvement cause beaucoup de déception chez les électeurs qui se voient abandonnés dans leur espoir de changement. Je vous laisse avec la question suivante : peu importe qui gagne le 5 novembre, verra-t-on Coderre ou Plante changer d’équipe?
Bonnes élections!